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31 mars 2011

Lilith de George MacDonald

Lilith de George MacDonald

 

Le personnage de Lilith, femme fatale et vampire, dans Lilith (1895), roman fantastique de George MacDonald. Entre tradition et innovation :

C.S. Lewis, auteur des Chroniques de Narnia, considérait MacDonald comme un auteur majeur et totalement atypique et écrivait à propos de Lilith, roman méconnu du lectorat français mais sans cesse réédité en anglais depuis les années 1980 : « La plupart des mythes se sont constitués à la préhistoire et je suppose qu’ils ne sont pas des créations conscientes ou individuelles. Mais il advient de temps à autre dans le monde moderne un génie, un Kafka ou un Novalis, capable d’inventer une histoire de ce type. MacDonald est le plus grand génie de cette catégorie que je connaisse. »Cette intervention après une brève présentation de la vie et de l’œuvre de George MacDonald et des thèmes principaux de Lilith, se concentre sur les influences littéraires, picturales et religieuses façonnant le personnage de Lilith, première épouse d’Adam, femme fatale et vampire, et expliquant sa présence dans cette œuvre de la fin du XIXe siècle. Il s’agit donc de présenter un petit panorama des divers types de personnages féminins maléfiques la précédant dans les arts, de l’époque romantique à la Décadence, mouvement dans lequel s’inscrit, historiquement, Lilith. Il s’agit aussi d’étudier les représentations antérieures de Lilith dans le domaine religieux, et à partir des années 1860, dans la peinture. Car Lilith n’est pas le premier personnage féminin malfaisant de la littérature.



Bien que redevable à toutes ces influences, la Lilith de MacDonald constitue une réelle innovation, d’une part, parce jamais une œuvre entière ne lui avait été consacrée et qu’elle devient une héroïne de fiction à part entière, et d’autre part, parce qu’elle est une femme vampire d’une beauté éblouissante, décrite au chapitre 25 intitulé « La Princesse », terme inattendu pour la reine des ténèbres : « Soudain, une silhouette resplendissante apparut au coeur de la pénombre, illuminant tout autour d’elle. Se détachant sur la blancheur de sa robe, ses cheveux coulaient comme une cascade, noirs comme le marbre qui les environnait. Ses yeux étaient des ténèbres lumineuses ; ses bras et ses pieds ressemblaient à de l’ivoire devenu chair. Elle m’accueillit avec le sourire innocent d’une jeune fille, et son visage, sa silhouette et ses gestes donnaient d’ailleurs le sentiment qu’elle venait à peine d’atteindre l’âge adulte. »

Lilith se caractérise par sa dualité : sa beauté quasi sublime est ternie par le mal. Elle se métamorphose fréquemment en animal (fauve, félin, sangsue géante). C’est cette part d’animalité qui suggère le mieux la cruauté et le caractère prédateur du personnage. La Lilith de MacDonald, outre son rôle traditionnel de rebelle et de femme damnée, cruelle et fatale, possède des attributs qui constituent une recréation par rapport au modèle biblique originel, notamment ses connotations nettement érotiques en relation avec les récits de vampirisme du XIXe siècle, comme dans "Carmilla" de Le Fanu (1872).

Mais au-delà de ces aspects qui pourraient sembler « classiques » mais ne le sont que très partiellement (Dracula n’ayant été publié que deux ans plus tard, en 1897), ce qui constitue sans doute sa plus grande originalité est sa dimension fantasmatique; elle est une créature que le désir des hommes maintient en vie. Même invisible, elle est présente partout, dissimulée dans le noir, dans son palais, dans les profondeurs de l'esprit des humains à la façon des monstres de Goya engendrés par le "sommeil de la raison" dans la gravure de 1797-1799.

En outre, MacDonald renouvelle le mythe de Lilith en plaçant la reine des démons à la tête d'une ville-royaume, appelée Bulika et peuplée d’humains, et non de diables. De plus, dans le roman, l'exil (moral) et la damnation de Lilith prennent fin car le pardon lui finalement accordé. Elle demeure cependant une figure de rebelle.
La traduction de Lilith est prévue au printemps 2007 aux éditions Michel Houdiard.



texte de Françoise DUPEYRON-LAFAY
(Conférence donnée au FD le vendredi 2 février 2007)

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